Le XXe siècle expliqué à mon petit-fils by Ferro Marc

Le XXe siècle expliqué à mon petit-fils by Ferro Marc

Auteur:Ferro, Marc [Ferro, Marc]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Seuil
Publié: 2015-12-07T23:00:00+00:00


Rien de semblable avec Hitler, qui se suicide deux semaines après l’exécution de Mussolini, une fois acquise l’inéluctable défaite de la Wehrmacht. Les classes populaires lui demeurent attachées jusqu’à sa mort, malgré les bombardements et les défaites dont on fait porter la responsabilité à Goering. Stoïque, le peuple allemand garde un souvenir ému de son Führer bien-aimé. Il a en souvenir les « années merveilleuses » d’avant guerre et encore les victoires, jusqu’en 1940, qui ont changé la vie de tous : fin du chômage, conditions de travail améliorées, jeunesse apprivoisée et enrégimentée, loisirs organisés, succès multiples de la politique extérieure du Grand Reich. Et quel n’est pas le souvenir de ces cérémonies, où le délire des foules le dispute à leur amour pour le Bienfaiteur. Qu’importe alors le sort des socialistes et autres communistes, chrétiens ou Juifs persécutés. On ne veut pas connaître l’existence des camps d’internement, des camps de concentration, des camps d’extermination…

Sur le fond, seuls les chrétiens condamnent les horreurs commises par le régime. Mais ces opposants ne constituent que de petites chapelles. Et seuls les militaires sont hostiles au régime et au Führer qui se sont substitués à eux, les ont dessaisis, et tout cela pour courir à la défaite, pis, à l’apocalypse. Mais sauf de rares exceptions, ils ne condamnent pas les horreurs commises, à moins d’y avoir mis la main. Ni Guderian, ni Jodl, ni Rommel, ni Keitel n’ont jamais dit un seul mot contre les camps d’extermination.

À Nuremberg et après, la société allemande demeure comme tétanisée par la défaite, satisfaite, sans trop le dire, qu’on rejette la responsabilité de la guerre sur les chefs nazis et deux ou trois maréchaux. Voilà qui, indirectement, l’innocente des crimes commis, plus ou moins par beaucoup, et en connaissance de cause pour le plus grand nombre. Mais la personne de Hitler demeure hors champ, et puis « ne voulait-il pas le bien du peuple allemand ? ».

Et s’il y a eu des films comme Mein Kampf de Leiser, en 1962, pour rappeler les crimes de Hitler et du nazisme, le cinéma a attendu plus d’un demi-siècle pour esquisser une réhabilitation de profil, en évoquant soit son adolescence, avant le pouvoir, soit sa fin, à la fin de sa puissance, quand lui et le peuple allemand se sont défendus devant l’invasion des « barbares » russes.

Mais pas un mot des crimes commis pendant le régime.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.